L’étoile ferroviaire de Tours, exceptionnelle par ses huit branches conservées, est un atout largement sous-utilisé pour les déplacements. Elle constitue une chance pour demain et l’ADTT propose, carte à l’appui (à télécharger ici), sa revalorisation à la fois locale et régionale.
LE DÉVELOPPEMENT DES ÉTOILES FERROVIAIRES
Dès l’origine du transport ferroviaire, le réseau national s’est développé en étoile autour de Paris à l’instar du grand réseau routier principal qui l’avait précédé. Par suite, et de proche en proche, les agglomérations desservies par une voie ferrée principale ont à leur tour développé chacune un réseau plus ou moins en étoile s’appliquant à leurs lignes secondaires.
Dans le cas de l’étoile ferroviaire tourangelle, c’est précisément ce réseau secondaire qui est visé alors que celui-ci a déjà largement été frappé d’un processus d’abandon par la SNCF.

UN ENJEU AU PLAN NATIONAL
La question du devenir des étoiles ferroviaires a été portée au plan national par de nombreux organismes d’études et de réflexions sur les mobilités tels que le GART (Groupement des Autorités Responsables de Transport).
De nombreuses agglomérations ont déjà franchi le cap de constitutions de dossiers très étayés proches de projets telles que Caen, Chartres, Amiens, Grenoble, pour n’en citer que quelques unes et…Tours.
Dans le cas de Tours, on peut rappeler les études réalisées en 2013 dans le cadre du dossier approuvé du SCOT de l’agglomération tourangelle et celles de l’Agence d’Urbanisme de l’Agglomération de Tours (ATU) :
En décembre 2017, l’ATU a publié une étude particulièrement détaillée sur l’étoile ferroviaire tourangelle en analysant les multiples paramètres correspondant à un état des lieux précis de chacune des 8 branches de l’étoile.
Cette étude, qui reste totalement d’actualité, mérite l’attention particulière que lui accorde l’ADTT puisqu’elle définit comme suit ses objectifs (extrait opus cité) :
Identifier les aires d’attractivité des 8 branches ferroviaires de l’étoile tourangelle;
Recenser, pour chaque corridor, la présence humaine au travers de plusieurs indicateurs (habitants, emplois, actifs occupés, logements);
Appréhender les interconnexions possibles entre le réseau ferroviaire et les circulations routières.
Un classement des corridors est établi à partir de ces critères et de leurs analyses, donnant la possibilité aux différents gestionnaires du réseau ferroviaire et aux élus d’identifier les secteurs à développer en priorité. (NB : La ligne Tours-Loches y apparaît comme ayant le plus fort potentiel).
L’apport très détaillé fourni par cette étude sur chacune des 8 branches de l’étoile tourangelle reste d’une importance fondamentale pour nourrir les débats qui ne manqueront pas de s’ouvrir autour de la promotion de l’étoile ferroviaire mise en avant déjà de longue date par l’ADTT. Cette étude, publique, peut être consultée sur le lien suivant que nous vous invitons vivement à consulter:http://www.atu37.org/Download/pdf/EFdeTours.pdf
LES OBJECTIFS DE L’ADTT
Partant de ces premières réflexions, l’ADTT a estimé qu’il fallait relancer l’amélioration de l’étoile ferroviaire tourangelle, en utilisant son exceptionnelle densité (8 branches soit autant que Lyon (1,3 million d’habitants) et plus que Toulouse (6 branches pour 968 000 habitants) en adoptant les objectifs suivants :
- Contribuer à désengorger les villes du trafic automobile issu des déplacements quotidiens
- Améliorer la desserte voyageur de l’aire métropolitaine en réduisant l’usage de la voiture dans l’agglomération tourangelle.
- S’appuyer sur une exploitation revalorisée de l’étoile ferroviaire tourangelle pour y contribuer le plus largement possible.
- Au-delà, permettre de meilleures relations régionales par le rail en reliant Tours à des villes voisines.
LE DOUBLE PROJET DE L’ADTT
Un RER tourangeau
Cette étoile pourrait en premier lieu être exploitée à la manière d’un « RER » tourangeau, desservant des terminus rapprochés en périphérie de la ville par des sortes de navettes, comme cela existe déjà pour Bléré-La Croix. On peut ainsi lister comme terminus potentiels :
Saint Antoine du Rocher, Monnaie, Amboise, Bléré-La Croix, Cormery, Monts (voire Sainte Maure-Noyant bien qu’éloignée de la métropole), Azay-le-Rideau, Langeais. Ces terminus sont soulignés sur le schéma ci-dessous.
Enrichie par la réouverture de la gare de Saint-Cyr-Fondettes, la création de stations à La Riche, au carrefour de Verdun (voir encadré), à La-Ville-aux-Dames et par une correspondance tram créée à La Douzillère (voir encadré), l’étoile permettrait des temps de trajets d’une rapidité incomparable dans cette 1ère couronne urbaine.
Les navettes pourraient assurer des liaisons directes de périphérie à périphérie, lesquelles n’existent pas aujourdhui (par exemple de Mettray à La-Ville-aux- Dames), en permettant, de plus, des correspondances faciles Grandes Lignes et TGV à Saint-Pierre-des-Corps. Cette idée d’un « contournement ferroviaire » du centre-ville avait été lancée par l’association ARIAL de Saint-Pierre-des-Corps et l’ADTT l’avait en son temps soutenue (voir notre bulletin Après-demain le tramway, N° 11, 2016).
On supprimerait ainsi le passage obligé en gare de Tours et une rupture de charge mal vécue, tout en réduisant l’encombrement des voies entre Tours-Centre et Saint-Pierre. En y ajoutant la station nouvelle de Verdun, on obtiendrait une fluidité très améliorée dans les relations intra-métropolitraines.
Un service de TER amélioré de proximité régionale
On peut aussi en second lieu assurer des relations plus lointaines en Touraine et vers des villes proches (proximité régionale) en utilisant la même infrastructure.
Seraient ainsi prioritaires, car menacées et pourtant indispensables aux relations entre Tours et son arrière-pays, les lignes vers Loches et Chinon, puis en 2ème priorité des dessertes vers Le Mans et Vendôme, voire Châteaudun.
La ligne de Loches, particulièrement fragilisée, devrait bénéficier d’un remaniement complet de son infrastructure et de dessertes plus nombreuses et plus rapides.
Enfin, devraient être renforcées des relations avec Blois, Vierzon et Saumur sur des lignes qui sont en bon état, et où il s’agirait essentiellement d’améliorer les horaires, souvent mal adaptés aux besoins de déplacement, et d’augmenter les fréquences.
Alors que l’on souhaite relancer le tourisme ligérien, on disposerait avec l’étoile ferroviaire, rénovée et renforcée, d’un excellent moyen d’accès aux sites touristiques de la région, ceci s’ajoutant aux relations domicile-travail ou domicile-enseignement qui seraient nettement faciilitées.
UNE GARE D’ÉCHANGES BUS/TRAMWAY/TER
AU CARREFOUR VERDUN
Déjà sous la mandature de Jean Germain, un pôle de connexion entre tramway et réseau ferroviaire avait été envisagé sur le pont de l’Avenue de Grammont, proche du Carrefour de Verdun, franchissant les voies ferrées. Ce projet n’a guère avancé. Il est pourtant riche de possibilités. Une nouvelle station de tram reliée à un ascenseur donnerait accès à une gare en contrebas où passent des TER venant du Nord, de l’Ouest et de l’Est de la Métropole. Par correspondance, on pourrait ainsi joindre Saint-Pierre des Corps aussi bien que Mettray, ND d‘Oé, Savonnières, Montlouis ou Véretz. On éviterait une rupture de charge en gare de Tours, laquelle pourrait être soulagée d’une partie de son trafic.

LA GARE DE LA DOUZILLÈRE
La gare SNCF de la Douzillère est située sur la commune de Joué les Tours. Sa proximité immédiate avec la station terminus Jean Monnet du tram est une véritable opportunité qui a été négligée dans sa capacité d’offrir un pôle d’échanges primordial entre la gare de la Douzillère et sa connexion avec le terminus tram, le parking relais et la branche de l’étoile ferroviaire Tours-Loches. Un prolongement de 600m environ de la ligne du tram N°1 valoriserait tant le tram que le train dans le cadre du développement de l’étoile ferroviaire.

CONCLUSIONS DE L’ADTT
Nos propositions permettraient d’obtenir sur la même infrastructure et sans constructions nouvelles deux types de services à proche et moyenne distance, tout à fait complémentaires.
Ceci demanderait bien sur des aménagements techniques : signalisation, voies d’évitement, aiguillages, implantation de terminus avec une voie en cul-de-sac (les techniciens disent : en tiroir). Cela aurait évidemment un coût. Mais il serait sans comparaison avec celui des travaux routiers que nous voyons se dérouler depuis des années sans discontinuer (cf. l’élargissement à 3 voies de l’autoroute A10 au Sud de Tours pour un montant de 244 M€ assumé totalement par Vinci Autoroutes).
Se poserait bien sûr la question du mode de traction : 4 axes seulement sur les 8 sont éléctrifiés. Mais il existe aujourd’hui des solutions de modes hybrides qui permettraient d’avoir des trains peu gourmands en énergie et non polluants.
Quoi qu’il en soit, les bienfaits d’une étoile ferroviaire bien exploitée seraient incomparables pour la mobilité dans la Métropole et dans ses relations avec le monde rural et les villes voisines.
Depuis plus de 30 ans, l’ADTT, les élus, les institutions, la presse vantent cette étoile ferroviaire inespérée, sans que jamais on n’ait essayé d’en tirer parti.
Le temps est venu de le faire.